Nouvelles parutions Automne 2020


Nouvelles parutions / jeudi, octobre 15th, 2020

Trois nouveaux titres sont parus depuis le 15 octobre 2020. Pour toute commande ou renseignement merci de nous contacter ici.

Luc Dellisse, Le cercle des îles.

Les îles sont fertiles en aventures. Elles font scintiller les facettes d’une existence sortie de ses gonds – voyages, rencontres, pièges, amours, périls. Elles combinent au grand jour le voir et le non-voir. Elles permettent de faire le tour du monde sans perdre le fil.

Pour le voyageur solitaire, elles ouvrent le réel sur une dimension d’éternité.

Malte, Porquerolles, Belle-Île, Manhattan, la Sicile, les Cyclades et tant d’autres, viennent coexister avec les terres intérieures, dans une exploration méthodique de l’enchantement insulaire.

À travers cette suite d’escales dans les îles de la mémoire, le livre nous fait découvrir l’existence d’un royaume dont l’invention remonte à l’enfance. Nous retrouvons ainsi la fonction première des îles : l’expérience du bonheur et la vision de l’infini à portée de la main.

Le cercle des îles, éditions du Cormier, 108 pp, 18euros

Les tirages de tête pour Le cercle des îles sont accompagnés de deux oeuvres originales de Souad Azar.

1- L’île. Dessin original signé et numéroté de 1 à 15.

Souad Azar. L’île. Polychrome à l’ecoline sur papier bambou Hahnemüle 265g. Octobre 2020.

2- Naïade. Dessin original signé et numéroté de 16 à 25.

Souad Azar. Naïade. Bichromie à l’ecoline sur papier bambou Hahnemüle 265g. Octobre 2020

 

Corinne Hoex, Uzès ou nulle part.

 

L’impression d’une réelle retenue pénètre et révèle ce lieu brûlant d’une nostalgie projetée vers l’avant, quelque chose d’une pudeur d’évocation de la relation à l’autre déjà relevée par plusieurs lecteurs à l’accueil des précédents livres de poésie de Corinne Hoex. Et, peut-on dire, cette pudeur vaut également pour ses proses. Mais comment effleurer, pour ne pas dire, convier, une telle sensibilité discrète ? Ici la figure du vent, figure sans repos qui nous enfonce dans l’impression d’un vide inaliénable ne devrait pas nous tromper au sujet de l’univers poétique que nous révèle ce titre, Uzès ou nulle part : tout ce qui demeure hors d’atteinte, tous ces paysages intérieurs, sont rejoints, touchés. Et ce serait une profonde erreur que de croire y découvrir quelque légèreté après y avoir identifié une telle obstination à tâter le fond de l’existence pour approcher au plus près ces lieux où aucune paix n’est jamais acquise, en mesure de se reposer. Au-delà de l’expérience singulière, cette parole poétique resserrée comme nulle autre, désigne un dénuement extrême, comme elle montre non moins cette fragilité secrète épousant les limites de l’expression, et où se joue la présence de ce qui s’est absenté, où se découvre un quotidien épuré de ses strates inutiles afin d’atteindre le plus démuni qui est aussi chez elle le plus dense, là où l’autre se trouve désormais : nous nous offrirons / l’un à l’autre / de beaux moment / de manque, peut-elle écrire. Ce sont les coups et blessures qui s’y dissimulent, que l’on pouvait croire un instant égarés ; et qui reviennent avec une précision de la langue, de l’expression, celle d’une passion qui embrasse le vent. Quelque chose d’une urgence, d’une brûlure traverse ce livre exceptionnel.

Les tirages de tête pour Uzès  ou nulle part sont accompagnés d’une oeuvre de Robert Lobet.

Gravure de Robert Lobet. 2020

Rodrigue Marques de Souza, Ventre de la vérité.

Avec Ventre de la vérité, Rodrigue Marques de Souza poursuit sa recherche de ce qui n’est pas nommé. A partir de la leçon peu entendue d’Antonin Artaud selon laquelle le langage est bouleversé par la primauté du corps, il continue d’explorer dans la langue la matière du rapport entre l’esprit et le corps qui, donc, le précède : approches, confrontations, luttes, étreintes, unions. Mais pour la première fois, c’est le songe amoureux qui s’impose, son expérience, sa présence brute. Cette présence devient la nourriture primaire du bouleversement du langage poétique, sa force éclairante, verticale et enflée. Dans le sillage d’Enonciation du ventre arabe (Fissile 2015) et de Le nom d’éblouissement (Grèges 2018), le texte acquiert une amplitude inédite, sans omettre ce qui implacablement frappe le langage dans l’immédiat et répété emportement du désir, son vertige. C’est un chant d’amour, d’un amour singulier, qui veut faire lien de l’ancien dans la langue neuve : avec les Idylles de Théocrite, avec le Diwan de Yunus Emre ou le haut verbe d’Al-Hallâj, fraternellement et lointainement. Echo du postulat d’Artaud, le poème cherche à sortir de lui-même pour s’interroger lui, et dans son absolutisme, l’entièreté du langage. Il ne peut oublier que sans le corps il est imprononçable ; qu’advient-il de sa matière lorsque l’autre corps vient s’apparier à sa bouche même ? Est-il supportable que le poème agresse toute inscription du langage après l’inscription en lui du désir ? Face à la force aimante, les bouleversements sont-ils vains, faut-il faire cesser le chant ? Le surgissement du désir a-t-il la force d’annihiler tout le langage ? Ventre de la vérité n’esquisse pas de réponse, il prouve par son questionnement la force d’impact du déséquilibre.

Les tirages de tête pour Ventre de la vérité sont accompagnés d’une oeuvre de l’auteur.

Rodrigue Marques de Souza, Octobre 2020.